douee.pour.le.silence

"A force de ravaler, ravaler, sans jamais rien dire, à force de garder les lèvres verrouillées, j'ai fini par m'automutiler. Une sorte d'anorexie des sentiments."

Dimanche 31 octobre 2010 à 19:14


Petite je n'aimais pas le rose.
Ou plutôt j'avais décidé que je n'aimais pas le rose.
J'aimerais me persuader que j'ai grandi. 

(Sur un air de Neil Young)

Samedi 30 octobre 2010 à 17:21


"Mara accélère le pas. Manuel était plus complaisant avec elle. Leur souffrance était leur trésor. Même cachée, ils la savaient là et la cajolaient à leurs heures perdues. Mais ça ne marche plus. Dès qu'elle a la tentation de se laisser aller à ce sentiment d'injustice, Hicham la prend de court. Il ignore l'injustice, ou plutôt ignore le sentiment que sa vie aurait pu et aurait dû être meilleure, relativement à ses qualités intellectuelles et humaines. Et ce n'est pas fatalisme, mais acceptation d'une simple évidence. Pour autant, il ne comprend pas qu'on ne cherche pas à rectifier, à changer, à déplacer. Sa mère n'était qu'une longue plainte, contre l'injustice du monde, contre la pauvreté du père, contre sa condition, contre le proviseur du lycée qui avait renvoyé son frère cadet. Hicham en a nourri une haine tranchée pour toute forme de lamentation. C'est un esprit rationnel. On décompose une situation en ses éléments, et on calcule le pouvoir qu'on a d'en changer l'agencement. Mara est décontenancée face à cette manière de penser. Elle n'autorise pas l'immobilité douce ni le confort d'un enracinement dans ce qui fait mal. Elle lui en veut. Ses mécanismes sont enrayés, Hicham jette de petits cailloux qui les ralentissent. Jusqu'à la panne totale, peut-être. Mais alors que restera-t-il?"

Mara - Mazarine Pingeot. 2010

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